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Rétro-direct : L’aide au démarrage Low Tech

pédalage rétro-direct est une technique de transmission cycliste tombée dans l’oubli mais qui n’est pas moins innovante et astucieuse.

Voici une analyse non achevée de son application potentielle aux triporteurs d’Asie du Sud-Est.

Face à un problème récurrent des difficultés pour pédaler en montée et du manque de choix de démultiplications adaptées sur leurs vélos, ils ont testé diverses solutions innovantes, avec parfois beaucoup d’imagination.

L’important à retenir est que ces problématiques sont anciennes, que ces innovateurs ont débroussaillé le travail. De leurs échecs il est possible de comprendre les difficultés et d’aller plus rapidement vers des solutions éprouvées par les inventeurs et le marché. 

Parmi les innovations du début des années 1900 et plutôt que de « réinventer la roue », intéressons nous au pédalage rétro-direct.

 

Les premières bicyclettes à pédalage rétro-direct…

L’invention du système rétro-direct remonte à la fin du 19e siècle. Paul de Martin de Viviés (1833-1911) est crédité comme l’inventeur de ce concept ingénieux ». La première version à deux chaînes a été brevetée en 1869 par Barberon et Meunier, suivie d’une version à chaîne unique brevetée en 1903 par le fabricant de vélos Hirondelle. 

…soutenues par des avancées scientifiques sur le mouvement rétro-pédalage

 A l’aide de mesures sur vélo-simulateur à changement de vitesse par rétro pédalage, le Capitaine d’artillerie PERRACHE démontre l’intérêt du pédalage « rétrograde », avec pignon fixe, double pignon dont le plus « facile » est accessible en marche arrière. Voici les liens pour aller plus loin.
https://forum.tontonvelo.com/viewtopic.php?p=8866&sid=b8c3fc4122ffdc6546a9c06be5a475f7#p8866i
http://bicycle.tudelft.nl/schwab/Bicycle/BicycleHistoryReview/Bourlet1904.pdf

Des solutions pertinentes… mais tombées dans l’oubli

Le rétro-direct a du faire face à plusieurs difficultés,  techniques pour maitriser l’alignement des pignons et de la chaine, règlementaires par l’interdiction dans les règlements des courses cyclistes ou encore commerciales avec des constructeurs qui ont sans cesse complexifié un concept simple limitant la primo-adhésion du grand-public.

Zoom sur le principe du rétro-pédalage

Le pédalage « à l’envers » augmente la zone de travail utile et réduit le point mort haut et bas.

Pour comprendre son intérêt il faut décomposer le mouvement de pédalage. A l’arrêt lorsque les manivelles sont à la verticale, le pied du cycliste créé un mouvement horizontal tandis que le poids de corps est vertical. Bilan : il faut forcer beaucoup pour avancer peu.

En rétro-pédalage, le cycliste peut activer directement le poids de corps, la zone de travail utile est plus longue. Le cycliste n’ira pas plus vite mais il sera moins essoufflé !

Intérêts du rétro-direct à 2 pignons pour le Rickshaw Project

Le système rétro-direct repose sur l’utilisation de pignons de tailles différentes. Le pignon plus grand offre un rapport de transmission plus court, permettant au cycliste de gravir des pentes raides en pédalant simplement vers l’arrière. Il est possible de monter ce dispositif en pignon fixe ou à l’aide de deux roues libres.

Le rétro-direct à 2 pignons : une solution ultra-pertinente

La technique du rétro-direct présente plusieurs avantages qui rendent cette solution ultra-pertinente et coche un maximum de cases du cahier des charges pour une adaptation sur vélo-triporteur d’Asie du Sud-Est !

  1. simplicité mécanique ;
  2. pas de mécanisme complexe pour changer de vitesse ;
  3. adapté aux pentes et aux démarrages.

Elle est particulièrement pertinente pour les cyclistes non entraînés.

Application aux triporteurs d’Asie du Sud-Est

Les triporteurs utilisés à Dhaka et dans d’autres villes d’Asie du Sud-Est sont généralement équipés de pignons fixes, ce qui les rend particulièrement adaptés à l’implémentation du système rétro-direct.

Notre hypothèse : une solution facile à adapter aux rickshaws

L’ajout d’un second pignon arrière permettrait de bénéficier d’un développement adapté au démarrage en marche arrière, sans nécessiter de modifications majeures du véhicule. Nous faisons l’hypothèse que cette adaptation serait relativement simple à réaliser sur les triporteurs existants.

Les étapes identifiées pour équiper les tri-porteurs traditionnels seraient :

  1. adapter un second pignon avec plus de dents ;
  2. démonter une des roue arrières pour accéder à l’axe traversant et ajout du second pignon ;
  3. pose d’une patte pour déporter un galet ;
  4. allonger ou remplacer la chaine.

C’est tout !

Les « difficultés » attendues

  1. Pignon : déterminer le nombre de dents, trouver la denture compatible avec la chaine
  2. Axe : proposer des solutions d’adaptation sur l’axe (ou sur le pignon ?) ;
  3. Support du galet tendeur : construire une patte, trouver une solution de fixation « à toute épreuve » (la souder ?) ;
  4. Chaine : allonger ou remplacer la chaine : pas de difficulté technique particulière

 

 

De multiples avantages concrets pour les rickshaw wallah

1. Gestion de l’effort : Le système rétro-direct permettrait aux conducteurs de triporteurs de mieux gérer leur effort, notamment lors des démarrages et dans les montées.

2. Réduction de la fatigue chronique : En offrant un rapport de transmission plus adapté aux situations difficiles, le système pourrait contribuer à réduire la fatigue accumulée au fil des journées de travail.

3. Amélioration du démarrage : Le second développement faciliterait les démarrages, particulièrement utile lorsque le triporteur est chargé.

4. Polyvalence accrue : Les conducteurs pourraient s’adapter plus facilement aux différentes conditions de circulation et de charge.

 

 

Etude comparative des techniques de démarrage

Nous souhaitons comparer différentes approche de « rétro-pédalage » à pignon fixe, en mesurant l’effort au démarrage, via la pression nécessaire à appliquer sur la pédale, mais aussi l’effort perçu par le cycliste sur le terrain. Pour ce faire, nous souhaitons réaliser une étude comparative complète permettant de tester les hypothèses et dimensionner la solution technique retenue.
Parmi les résultats, nous souhaitons établir des tables permettant de dimensionner les pignons pour rendre le pédalage rétro-direct pignon fixe viable sur un rickshaw.

 

Démarrage traditionnel (debout) VS rétro-direct (assis), le match

Démarrage en pédalage classic (debout)

Le conducteur doit utiliser tout son poids corporel pour vaincre l’inertie initiale, ce qui peut être éprouvant, surtout avec une charge importante

Démarrage en pédalage rétro-direct (assis)

Avec un développement adapté, le conducteur peut rester assis et utiliser un mouvement de pédalage arrière pour démarrer en douceur. Cela répartit mieux l’effort sur l’ensemble du corps et réduit le stress sur les articulations.

Cette technique pourrait significativement améliorer le confort et l’efficacité des conducteurs de triporteurs, tout en prolongeant la durée de vie des véhicules grâce à des démarrages plus fluides.

En conclusion, l’adaptation du système rétro-direct aux triporteurs d’Asie du Sud-Est représente une opportunité d’innovation simple mais potentiellement révolutionnaire pour améliorer les conditions de travail des conducteurs et l’efficacité du transport urbain dans ces régions.

Citations:
[4] https://www.velovintageagogo.com/t221-racer-porteur-retro-direct
[5] https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/DGITM_DMR_Amenagements_cyclables_hors_agglomeration_V1.1_Fev-2024-1.pdf
[6] https://wiklou.org/wiki/R%C3%A9tro-direct
[7] https://www.cyclable.com/blog/2013/08/28/retropedalage-historique-comparatif-avantagesinconvenients/